Cela fera bientôt dix ans que le Val de Drôme accueille des personnes déplacées. Certaines sous statut officiel de réfugié, d’autres en situation irrégulière. Et cela se passe dans le plus grand calme. Ce non évènement mérite d’être rapporté car il constitue un démenti sans appel à tous ceux qui voudraient nous faire croire que le phénomène migratoire met la République en danger.
Au contraire, on constate que ces apports de population n’ont pas spécialement perturbé le bon fonctionnement de nos sociétés locales. Il est possible que l’histoire, ancienne et plus récente, ait doté cette vallée d’une forte capacité à accueillir et à intégrer les populations qui ont connu l’exil. Quelque chose dans l’air dit qu’ici, on peut enfin « se poser ». Ici n’est pas une frontière. Ici, depuis 10 ans, les arrivées de réfugiés ont fait émerger des initiatives diverses, qui ont continué à exister et à grandir dans la durée. Une cartographie numérique de ces ressources accueillantes sera d’ailleurs bientôt disponible. Et c’est d’ailleurs à Crest que l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (Anvita.fr ) a choisi d’installer une antenne, l’autre étant à Nantes.
Une étape importante
Il faudrait que l’Etat admette que l’accueil des populations migrantes est, pour une large part, l’affaire des populations accueillantes et de leurs élus. Bien sûr, il revient à l’Etat, incarnation de la Nation, de tenir sa frontière ouverte ou fermée en fonction des orientations exprimées par les citoyens. Mais l’Etat est loin. A l’échelle de la ville, du village ou du quartier, ce n’est plus une histoire de données statistiques. On sort du stéréotype abstrait de l’étranger pour s’intéresser à des personnes. Des vies d’adultes à mi-parcours, des vies de jeunes encore à construire. Des vies d’enfants. sera peut-être bientôt franchie avec la conclusion, entre l’Etat et quatre communautés de communes, d’un contrat territorial pour l’accueil et l’intégration, actuellement à l’étude. Importante car elle signifie que la question de l’accueil des migrants se pose comme une donnée structurelle à prendre en compte à l’échelle des politiques locales, sur le moyen et le long terme, au-delà du temps du secours humanitaire.